Auteur : Tarik Boubiya
El Jadida, nous sommes mardi soir, il reste encore deux jours avant la date fatidique du vendredi 12 juin 2009, jour des élections communales. Encore deux jours de slogans cacophoniques, de vacarme nauséabond, de lynchage ciblé, de harcèlement méthodique, de hurlements et de cris, de combats inutiles, de bagarres rangées, entre hordes malfamées, dont certaines, puent l’alcool et la déchéance.Pleure ô El Jadida bien aimée!!! Les enfants du la cité ont délibérément déserté la place, les nouveaux arrivés, les nouveaux prétendants l’ont corrompue, salie et récemment souillée.Ce soir, jusqu’à une heure tardive, les partisans des forces en lisse, ont défilé avec leurs cortèges de hurleurs patentés, nouveaux crieurs de la place publique, qui agressent la vue et l’ouïe. Ils sont tous là, avec leurs lots de bouches mal nourries, de corps esseulés, de diplômés sans lendemain, d’orphelins des temps présents, des laissés pour comptes, enrôlés à coups de billets bleus, à coups de promesses mirobolantes, et qui ne seront jamais tenues.Je les vois encore, ces listes en couleurs, numérotées ou pas ???, qu’on nous distribue à longueurs de journée, à tout coin de rue, avec des visages mal rasés, des figures qui vous prient, vous guettent au bord de la chaussée, vous quémandent et vous supplient, les extirper de la misère d’un quotidien ravageur. Ils sont tous directeurs ou professeurs, chauffeurs de cars et de camions, pécheurs occasionnels, farceurs d’un genre nouveau, des futurs rongeurs de budgets astronomiques, des décideurs du futur très proche, sans états d’âme et sans scrupules, des dictateurs en puissance, sans foi ni loi, des pollueurs de mœurs civiques, des urbanistes sans métier et sans diplôme, des pilleurs pour la bonne cause, la leur bien sûr !!!Je les vois encore, les uns sur les autres, une meute de jeunes désœuvrés, qui chantent faux et sans conviction, vindicatifs de l’autre, l’ancien élu de la contrée, l’ennemi d’un lendemain prometteur.Je les vois encore, qui débitent leurs paroles mielleuses, sucrées de mots de tous les jours, des mots hagards et bavards, qui ne disent pas grand-chose, qu’ils se chargent de vous servir, sur plateau de cornes sans gazelles.L’emblème de ces candidats, une guerre sans merci, entre le bruit sécessionniste du tracteur contre la pouvoir serein de la balance, de la lumière spirituelle de la lampe contre les épines de l’expérience mitigée de la rose, de la promesse écologique de la gazelle contre le vent nouveau de la voile…Electeurs d’El Jadida, réveillez vous, l’urne est doublement piégée, entre le marteau de l’argent et l’enclume de la liste. Votez utile, votez intelligent, mais votez quand même.
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